Conférence sur le transfert (14 décembre 2019)

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Retour sur le transfert

De  quelques petites remarques personnelles à propos de la question du transfert

Ainsi présentai-je mon livre à ce sujet, en 2008…
Ce livre, c’est : “De la notion au concept de transfert de Freud à Lacan”, L’Harmattan, 2008.

“Il n’existe pas, fort heureusement, d’interprétation univoque de la question théorique ou pratique du transfert pour tous les psychanalystes. Pour les uns, il s’agit foncièrement d’une banalité sans nom qu’ils utilisent à dessein sans souhaiter en dire ou en écrire quoi que ce soit de plus ou d’autre que Freud ; pour d’autres, il s’agit plutôt d’une énigme, à chaque cas renouvelée, dont le corpus théorique ne rend qu’imparfaitement compte de ce dont il retourne réellement. Ce n’est donc que pour certains que le transfert se présente d’emblée comme une question, sinon même, pour quelques-uns, la question princeps ouverte par ladite psychanalyse en sa naissance freudienne.

Mais le transfert n’est-il, de facto, qu’une et une seule question ? Plusieurs questions ne viennent-elles pas à cet endroit se croiser ? Au-delà du fait que le transfert est au moins une question, le transfert pose des questions et, pour peu qu’on y prenne garde, il fournit en même temps la réponse, celle, ready made, que le sujet qui s’en trouve affecté souhaite recevoir. Une réponse, unique, à toutes les questions : « aime-moi et, pour cela, reconnais-moi ; comble-moi de ton amour, pas de manque, pas de perte… »

Lorsque Sigmund Freud reçoit Karl Gustav Jung pour la première fois, en 1907, il lui pose précisément cette question : « Que pensez-vous du transfert ? » « C’est l’alpha et l’oméga de la pratique », répond Jung. Freud alors de lui dire : « Vous avez compris l’essentiel » !
Dix ans auparavant, le 7 juillet 1897, Freud décrit le transfert en termes déjà bien clairs, mais sans le reconnaître théoriquement. Il s’adresse à Wilhem Fliess :

Je continue à ne pas savoir ce qui m’est arrivé. Quelque chose venu des profondeurs abyssales de ma propre névrose s’est opposé à ce que j’avance encore dans la compréhension des névroses, et tu y étais, j’ignore pourquoi, impliqué. L’impossibilité d’écrire qui m’affecte semble avoir pour but de gêner nos relations. De tout cela je ne possède nulle preuve et il ne s’agit que d’impressions tout à fait obscures.
Il ajoute, sur le mode de certaines personnes qui viennent consulter un psychanalyste, dès les premiers entretiens :
La chaleur et le surmenage doivent certainement jouer un rôle dans tout cela.

Soixante-dix ans plus tard, dans la Proposition du 9 octobre 1967 sur le psychanalyste de l’Ecole, Jacques Lacan – qui, lorsqu’il parlait du transfert ne prétendait pas viser autre chose que le transfert selon Freud – avance sa formulation la plus achevée sur cette question. Il s’agit de l’algorythme du transfert, soit une écriture dudit transfert.

J’ai repris toute l’histoire du transfert dans la psychanalyse dans mon ouvrage, cité plus haut, paru chez L’Harmattan en novembre 2008, et intitulé « De la notion au concept de transfert de Freud à Lacan ».

Treize chapitres. Le chapitre XIII, dernier chapitre, aura été le chapitre qui me permit de présenter pleinement la dimension du Réel dans le transfert. En effet, si la théorie psychanalytique de Jacques Lacan est une théorie qui repose sur le paradigme nouveau, par lui introduit dans cette discipline, et qui consiste à aborder toute question psychanalytique avec le ternaire RSI, si,… alors, alors la question du transfert doit faire apparaître ses trois dimensions, ses trois consistances, son nœud borroméen du transfert, même, et l’on doit pouvoir reconnaître un transfert dans l’Imaginaire (le transfert, disons, de la répétition des imagos de Freud), un transfert dans le Symbolique (disons celui, en premier, que dégage Lacan dans les années 1960, avec la notion de grand Autre, alors qu’il ne l’est pas clairement chez Freud où les dimensions imaginaire et symbolique sont encore par trop intriquées), et un transfert dans le Réel. C’est ce dernier que j’ai développé dans ce chapitre et qui ne se trouve pas chez Lacan d’une manière explicite. Implicitement, il me semble qu’il y gît, repérable comme tel, mais non formulé.

***

À partir, entre autres, de mon livre de 2008 (Eds Lambert-Lucas), « De la notion au concept de transfert de Freud à Lacan », et après avoir rappelé quelles furent les différentes étapes de la découverte et de la théorisation de la question du transfert chez Sigmund Freud, puis analysé les inventions qui firent progresser cette question au cours de la reprise du problème du transfert par Lacan, j’ai résumé et condensé les résultats des avancées de Freud et de Lacan en ces seize points cruciaux suivants, lesquels amènent le sujet analysant et son psychanalyste au même point, celui de la rencontre de leur propre « manque à être » :

DU TRANSFERT
SEIZE points cruciaux :

1. Il existe un nécessaire et incontournable amour dans la cure psychanalytique. La cure est une cure d’amour, sauf que c’est comme à l’envers, c’est-à-dire, une cure de l’amour. Qu’il prenne la forme d’un amour ou d’une haine n’y change rien en son fond. Freud a appelé cet amour amour de transfert. Il est tissé des mêmes fils que l’amour ordinaire, celui qui nous fait tous souffrir un jour ou l’autre.

2. C’est un amour « authentique » (terme de Freud). C’est un amour vrai, dans l’actuel, un amour bien réel et non la simple répétition ou ré-édition d’un amour passé. Un amour dans le réel.

3. Mais le transfert est tressé de cet amour qui, en réalité, est triple. Il y a un amour dans l’Imaginaire, un amour dans le Symbolique et un amour dans le Réel. Le dernier, l’amour dans le Réel est une forme de l’amour dans l’impossible, cet amour qui unit en désunissant dans sa progression vers la différence (sexuelle) absolue, à chaque séance un peu plus, analyste et analysant.

4. Si l’amour dans le réel est cet impossible, c’est que s’est invité à cet endroit, au festin, le désir, lequel est causé par l’objet petit a que recèle, sans le savoir au début, le psychanalyste pour le psychanalysant, et…réciproquement. Le petit a possède, en outre, une redoutable dimension de plus-de-jouir.

5. Mais le transfert est quelque chose qui campe à la frontière de l’amour et du désir. Il est un remuant passeur de frontières, dans les deux sens. Il se présente ainsi tel un Janus bi-frons : d’un côté il réfère à l’amour, de l’autre au désir. Et ceci pour les deux protagonistes, analyste et analysant.

6. Mais l’analyste a un temps d’avance sur son analysant. Son parcours doit lui avoir permis de rencontrer et traverser l’amour imaginaire (castration imaginaire) et l’amour symbolique (castration symbolique). Il peut ainsi permettre l’accès à cette castration pour son analysant, et l’accompagner dans les arcanes des mêmes opérations qu’il a subies, traversées.

7. Mais il reste la question de l’amour dans le réel. Là, ils se retrouvent pris, ensemble, en couple, dans ce concubinage de l’impossible. Car cet amour n’est pas un amour ordinaire, ni un amour courant, ni un amour narcissique et névrotique, un amour qui s’aime en aimant l’amour, en un mot un amour improbable, quoiqu’un amour rêvé comme possible. Bien qu’averti, là où son analysant ne l’est pas encore, l’analyste est à une place homologue à celle de son analysant. Ils sont à des places quasi identiques. Et cette place est celle où le désir fait son office.

8. Le désir opère sur le front de l’objet et donc du manque. Il est sans représentation directe, sinon par le biais de l’amour où il se dégrade dans la demande. Il est poussé par l’insatiable pulsion en son circuit infini. Il est ce qui se dit, s’énonce et dé-range l’Autre. Il est ainsi un créateur d’angoisse. Il s’insère entre le besoin et la demande, sans être ni l’un, ni l’autre.

9. Du côté de l’analyste, le désir qui prime s’appelle le désir de l’analyste. C’est un désir qui désire qu’il y ait de l’analyse. Que l’on aille jusqu’au bout. Au bout de l’analyse.

10. L’amour de transfert est ainsi chevillé, non seulement à ce qui se passe chez l’analysant, mais aussi à ce qui se passe chez l’analyste concernant le désir d’analyste. Il doit s’y produire la métaphore de l’amour. L’aimé-désiré, ou voulant l’être, cesse sa plainte de ne pas être assez aimé ; il devient aimant-désirant. Changement, substitution de place, retournement, transfert : révélation de la signification de l’amour, comme s’exprime Lacan.

11. La tâche du psychanalyste est de révéler au sujet l’objet de son désir à partir de la demande d’amour.

12. A une seule condition, c’est que cet amour dans le réel, cet amour impossible qui enlace dans un ensemble invivable ou insupportable analyste et analysant, soit un amour qui réintègre en son sein le désir, qu’il s’y confonde, qu’il ne fasse qu’Un avec lui, comme dans la Grèce ancienne.

13. Qu’il s’agisse, alors, véritablement, d’un désiramour. Qu’il s’agisse, désormais, de désiraimer. Cette position qui conjugue le verbe désiraimer, c’est aussi celle, et la seule, qui se supporte du manque. Qui supporte le manque. Fondamental ou passager. Désiraimer, devient ainsi le seul accès, pour le sujet, qui lui reste, pour atteindre à la vérité de son désir.

14. La psychanalyse est donc bien cette discipline qui propose au sujet de nouer les trois dimensions de l’amour, appelé en cette situation et en ces circonstances amour de transfert. Nous devrions aborder dorénavant le transfert dans sa totalité, dans la triplicité de son nouage borroméen qui se décline en ses trois dimensions : imaginaire, symbolique et réelle.

15. La dimension réelle du transfert, où se tapit férocement en son cœur le désir, c’est alors celle qui ne méconnaît plus l’existence, la consistance et le trou que produit l’amour dans le réel, cet amour infernal qui enlace les deux protagonistes de la situation analytique et qui est cependant le seul amour à réintégrer la question sexuelle comme la question humaine cruciale, fondamentale, centrale et que Lacan a ramassé dans sa célèbre formule : « il n’y a pas de rapport sexuel ».

16. Enfin, le psychanalyste, c’est quelqu’un qui est animé du désir de l’analyste, ce qui lui confère une présence, unique, laquelle lui permet d’opérer de sa place de sujet supposé savoir. « […] c’est à la place où nous sommes supposés savoir que nous sommes appelés à être et n’être rien de plus, rien d’autre que la présence réelle et justement en tant qu’elle est inconsciente. », dit Lacan dans le séminaire Le Transfert [1960-1961].

Ainsi, si l’analyse débouche aussi, pour chacun, pour chacune, sur un nouvel art d’aimer,…il faut que ce soit autrement ! C’est même urgent ! Car il s’agit, hic et nunc, de désiraimer autrement.

 

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Lacan, Rome, 1974


Lacan, Rome, 1974.

«L’analyse, je ne sais pas si vous êtes au courant, l’analyse s’occupe très spécialement de ce qui ne marche pas ; c’est une fonction encore plus impossible que les autres (éduquer, gouverner), mais grâce au fait qu’elle s’occupe de ce qui ne marche pas, elle s’occupe de cette chose qu’il faut bien appeler par son nom, et je dois dire que je suis le seul encore à l’avoir appelé comme ça, et qui s’appelle le réel.

La différence entre ce qui marche et ce qui ne marche pas, c’est que la première chose, c’est le monde, le monde va, il tourne rond, c’est sa fonction de monde ; pour s’apercevoir qu’il n’y a pas de monde, à savoir qu’il y a des choses que seuls les imbéciles croient être dans le monde, il suffit de remarquer qu’il y a des choses qui font que le monde est immonde, si je puis m’exprimer ainsi ; c’est de ça que s’occupent les analystes ; de sorte que, contrairement à ce qu’on croit, ils sont beaucoup plus affrontés au réel même que les savants ; ils ne s’occupent que de ça. Et comme le réel, c’est ce qui ne marche pas, ils sont en plus forcés de le subir, c’est-à-dire forcés tout le temps de tendre le dos. Il faut pour ça qu’ils soient vachement cuirassés contre l’angoisse.

C’est déjà quelque chose qu’au moins ils puissent, de l’angoisse, en parler. J’en ai parlé un peu à un moment. Ça a fait un peu d’effet ; ça a fait un peu tourbillon. Il y a un type qui est venu me voir à la suite de ça, un de mes élèves, quelqu’un qui avait suivi le séminaire sur l’angoisse pendant toute une année, qui est venu, il était absolument enthousiasmé, c’était justement l’année où s’est passé, dans la psychanalyse française (enfin ce qu’on appelle comme ça) la deuxième scission ; il était si enthousiasmé qu’il a pensé qu’il fallait me mettre dans un sac et me noyer ; il m’aimait tellement que c’était la seule conclusion qui lui paraissait possible.

Je l’ai engueulé ; je l’ai même foutu dehors, avec des mots injurieux. Ça ne l’a pas empêché de survivre, et même de se rallier à mon Ecole finalement. Vous voyez comment sont les choses. Les choses sont faites de drôleries. C’est comme ça peut-être ce qu’on peut espérer d’un avenir de la psychanalyse, c’est si elle se voue suffisamment à la drôlerie.»

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Mort versus transmission


La psychanalyse est une discipline mortelle. Elle pourrait disparaître, mourir, sans que beaucoup s’en aperçoivent… C’est une question de transmission. Laquelle prend un relief tout particulier lorsqu’il s’agit de la psychanalyse, et pour autant que celle-ci n’est pas une science physico-mathématique au sens expérimental actuel (« science dure »), ou une science dite « humaine » (« molle ») ou encore une médecine. Elle n’est ni une religion, ni une philosophie, ni même une pédagogie ou quelque idéologie. Raisons suffisantes pour la voir nécessairement « mordre » sur ce monde et, au sein même de cet « immonde », pouvoir y rencontrer encore quelques « mordus » par Freud, par Lacan ou quelques autres…

Jacques Lacan rappelait souvent que Freud s’était préoccupé de la transmission de la psychanalyse. Le comité qu’il avait chargé de cette tâche n’avait rien pu faire d’autre que de se transformer en internationale, l’I.P.A.. On sait ce qu’il advînt de cette institutionnalisation de la psychanalyse, ce que Lacan déplora pour l’avoir lui-même éprouvé sous la forme de son « exclusion » de ladite internationale en 1963. Son « excommunication », comme il disait, se référant à celle, dite « majeure » vécue par Spinoza.

Lacan énonçait que Freud avait inventé cette histoire assez loufoque qu’il appela l’inconscient, allant même à supposer que l’inconscient pourrait bien être un délire freudien.

En 1978, il finit par dire :

« Tel que maintenant j’en arrive à le penser, la psychanalyse est intransmissible. C’est bien ennuyeux. C’est bien ennuyeux que chaque psychanalyste soit forcé – puisqu’il faut bien qu’il y soit forcé – de réinventer la psychanalyse.
Si j’ai dit à Lille que la passe m’avait déçu, c’est bien pour ça, pour le fait qu’il faille que chaque psychanalyste réinvente, d’après ce qu’il a réussi à retirer du fait d’avoir été un temps psychanalysant, que chaque analyste réinvente la façon dont la psychanalyse peut durer. […]
Alors comment se fait-il que, par l’opération du signifiant, il y ait des gens qui guérissent ? Car c’est bien de ça qu’il s’agit. C’est un fait qu’il y a des gens qui guérissent. Freud a bien souligné qu’il ne fallait pas que l’analyste soit possédé du désir de guérir ; mais c’est un fait qu’il y a des gens qui guérissent, et qui guérissent de leur névrose, voire de leur perversion.
Comment est-ce que ça est possible ? Malgré tout ce que j’en ai dit à l’occasion, je n’en sais rien. C’est une question de truquage. Comment est-ce qu’on susurre au sujet qui vous vient en analyse quelque chose qui a pour effet de le guérir, c’est là une question d’expérience dans laquelle joue un rôle ce que j’ai appelé le sujet supposé savoir. Un sujet supposé, c’est un redoublement. Le sujet supposé savoir, c’est quelqu’un qui sait. Il sait le truc, puisque j’ai parlé de truquage à l’occasion ; il sait le truc, la façon dont on guérit une névrose. […]
J’ai essayé d’en dire un peu plus long sur le symptôme. Je l’ai même écrit de son ancienne orthographe. Pourquoi est-ce que je l’ai choisie ? s-i-n-t-h-o-m-e, ce serait évidemment un peu long à vous expliquer. J’ai choisi cette façon d’écrire pour supporter le nom symptôme, qui se prononce actuellement, on ne sait pas trop pourquoi « symptôme », c’est-à-dire quelque chose qui évoque la chute de quelque chose, « ptoma » voulant dire chute.
Ce qui choit ensemble est quelque chose qui n’a rien à faire avec l’ensemble. Un sinthome n’est pas une chute, quoique ça en ait l’air. C’est au point que je considère que vous là tous tant que vous êtes, vous avez comme sinthome chacun sa chacune. Il y a un sinthome il et un sinthome elle. C’est tout ce qui reste de ce qu’on appelle le rapport sexuel. Le rapport sexuel est un rapport intersinthomatique. C’est bien pour ça que le signifiant, qui est aussi de l’ordre du sinthome, c’est bien pour ça que le signifiant opère. C’est bien pour ça que nous avons le soupçon de la façon dont il peut opérer : c’est par l’intermédiaire du sinthome.
Comment donc communiquer le virus de ce sinthome sous la forme du signifiant ? C’est ce que je me suis essayé à expliquer tout au long de mes séminaires. Je crois que je ne peux pas aujourd’hui en dire plus. » [1]

Lacan n’en dira pas beaucoup plus, car nous sommes à la Maison de la Chimie, à Paris, le dimanche 09 juillet 1978. Il vient de conclure le IXè Congrès de l’Ecole freudienne de Paris, consacré à la transmission. Il arrive à la fin de son œuvre et de sa vie. Le 05 janvier 1980, il va dissoudre son école. Jacques Lacan meurt à Paris, le 09 septembre 1981.

[1] Jacques Lacan, Lettres de l’Ecole freudienne de Paris, N°25 (II), juin 1979.

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Et vous ?

 

Et vous ?

Ceux et celles qui, actuellement, veulent exclure la référence à la psychanalyse dans les tribunaux, les hôpitaux et les universités, et bannir les psychanalystes en ces lieux, se font entendre avec fureur.

Et vous ?

Si vous ne souhaitez pas que la psychanalyse disparaisse de ces lieux essentiels de notre société et que les psychanalystes en soient rejetés, car vous savez que ce serait l’une des portes ouvertes incitatives au déferlement sans retenue de la barbarie, que plus rien dès lors n’arrêterait – souvenons-nous du XXè siècle et du tribut payé par les psychanalystes durant la seconde Guerre mondiale, par exemple, ou de l’exclusion de la psychanalyse comme discipline autonome -, alors manifestez-vous et ne laissez pas votre silence devenir, un jour pas si lointain, complice de cette tentative d’assassinat qui ne veut pas dire son nom, mais se drape dans les atours de la science, seulement en fait de son idéologie, soit de ce qu’on appelle le scientisme.

JML

(7.1.2020)

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De la perversion féminine

De la perversion féminine

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Une lettre ouverte pour la psychanalyse

Une lettre ouverte pour la psychanalyse
(07-01-2020)

 

À tous ceux qui se disent, donc se prétendent « psychanalystes » (car cela reste et restera toujours une prétention), à juste raison ou non, qui le croient, qui le pensent ou que l’on dit tels, à tous ceux qui pratiquent (car c’est avant tout, et après tout, une praxis), ce que depuis Sigmund Freud il est convenu d’appeler la psychanalyse (donc n’est pas la médecine psychiatrique, pas la psychologie dite clinique, pas plus toute forme actuelle de psychothérapie), soit comme psychanalystes, soit comme psychanalysants, à tous ceux-là, cette lettre ouverte.

Les temps changent. Un monde nouveau nous arrive. Les psychanalystes doivent se réveiller. Le temps, le monde est nouveau chaque jour. Il est à réinventer chaque jour, à prendre en compte, à écouter… Les psychanalystes se sont endormis parce qu’ils ont baissé la garde, ils ont oublié ce principe fondamental, pendant trop longtemps, selon lequel, leur place, leur fonction de psychanalyste n’est pas un acquis « une fois pour toutes ». Non, elle est à remettre en question chaque jour pour ne pas être « hors jeu ». Hors jeu du temps, de la vie, de la société, du monde réel, de la Cité… Les psychanalystes se sont endormis, par suffisance, orgueil, absence de doute, outrecuidance, arrogance, vanité, autosatisfaction, condescendance…
Pas tous. En tout cas certains d’entre nous qui ne souhaitent plus se laisser réduire à moins que rien, se voir, sans réagir, rejetés ou épinglés avec des aiguilles d’entomologiste par le mépris dans les rebuts de l’Histoire des idées et des pratiques d’un autre Âge. Si la croyance d’un savoir « extra-subjectif », la facilité, la vulgarité, le mensonge, le laxisme, la complaisance, la compromission, le capitalisme, le court-termisme… gagnent, ce sera le signe que la psychanalyse a échoué.

Ajoutons aujourd’hui une autre croyance, quasi-religieuse, celle du Marché qui ne fonctionne que sur l’adaptation mercantile de l’offre et de la demande, au soi-disant moindre coût pour le public, c’est le « toujours moins cher » !
Celle du scientisme qui veut à tout prix se faire passer pour la Science, alors qu’il n’est que son idéologie .
Celle de l’évaluation administrative qui ne vise, pour mieux nous gérer, qu’à éradiquer la notion perturbatrice de « sujet » et à nous réduire à la notion « d’individu » normé, cadré, policé, discipliné… Des individus, dont « on » crée par des algorithmes, selon des groupes homogènes, les besoins et les envies et même transformer des symptômes en maladies…
Celle de la psychothérapie qui veut tuer la psychanalyse dont pourtant elle se nourrit et qui la fascine, pour simplement prendre sa place le plus vite possible, mais pour quoi faire de plus ?
Les psychanalystes ont laissé croire, à la société, que la psychanalyse était une psychothérapie (ce qui n’est pas faut en soi), mais une psychothérapie au même titre que les autres. Or là est le problème. La psychanalyse n’est pas une psychothérapie comme les autres, ses fondements, sa pratique, ses objectifs sont tout autres… Les psychanalystes, en laissant faire, ont de fait, par leur silence, admis qu’elle pouvait être enseignée, transmise, inculquée, professée dans des lieux réservés à l’instruction : l’Université ou les écoles de psychothérapie…
La croyance, enfin, de l’industrie pharmaceutique qui n’a de cesse de vouloir nous réduire à l’homme-machine-bio à qui il manquerait toujours quelque chose qu’elle se charge bien sûr d’apporter.

À l’heure où la folie est, à nouveau, trop souvent aujourd’hui criminalisée, alors qu’elle devrait plutôt être accueillie et traitée, accompagnée, soignée, des voix se font entendre pour contrer cette erreur qui sera lourde de conséquences. Des psychanalystes y participent et pensent que la loi de 1838 est obsolète et doit être reprise autrement. À l’heure où le DSM V s’est installé, des voix, parfois les mêmes, s’élèvent pour dire combien cette approche du phénomène dit mental, de tout le champ psychique, est inconvenant car il vise à l’éradication de la notion même de sujet, patiemment construite par plus d’un siècle d’expérience de la pratique psychanalytique. Les psychanalystes sont jusque-là montés au créneau (Manifestes français, italien, espagnol…, contre le DSM), sans trop de retombées probantes.

A l’heure, enfin, où les professions et autres métiers qui se rapportent à ce champ du psychisme subissent une remise en question et un bouleversement créant, sorti d’on ne sait où, sinon de la pression des psychothérapeutes qui a rencontré, par bon heur, la peur panique du gouvernement contre le phénomène sectaire, un titre contrôlé et donc protégé par l’Etat, ce sont les psychanalystes qui sont déjà depuis quelques années exposés et, in fine, voués à disparaître dans toutes les têtes d’importance ou de pouvoir mais aussi, grâce au « remarquable travail » en ce sens des Média, en direction du grand public qui suit trop facilement la pente à la mode qu’on lui propose, voire impose sans autre forme de critique
Ce n’est évidemment pas faux, dira-t-on, mais c’est un peu trop facile de rejeter toute la faute sur « ces autres ». Ce n’est pas aux journalistes de contredire les critiques multiples et unilatérales contre la psychanalyse. Seuls les psychanalystes peuvent et doivent le faire, du fait justement de la singularité de cette discipline. Il faut avoir usé son pantalon sur le divan, consommé des tonnes de mouchoirs, s’être frotté soi-même et ardemment aux forces de l’inconscient, du transfert… Où sont les psychanalystes pour parler, pour dire quelque chose de leur singularité, en regard de la société, à la société, en dehors de leurs cercles inaccessibles et de leur « entre-soi » ? N’ont-ils finalement pas trouvé leur place dans la société d’aujourd’hui ?

Aujourd’hui, le titre de psychothérapeute doit être demandé et… mérité. On propose au psychanalyste de venir rejoindre le banc des psychothérapeutes d’Etat, sur une liste de… « psychothérapeutes d’orientation psychanalytique ». Notons bien, pas une liste de psychanalystes, encore heureux ! Pourquoi ? Parce que ceux qui lui demandent cela, au psychanalyste, le considère, ni plus ni moins, comme un ordinaire psychothérapeute, comme l’un des psychothérapeutes parmi tant d’autres ; Mais les psychanalystes ont-ils déclaré autre chose ? Comment voulez-vous que quelqu’un, en souffrance, démuni de ses facultés, en proie à l’angoisse et à son histoire, qui fait appel à l’autre, fasse la différence entre un psychothérapeute et un psychanalyste ? Les psychanalystes ne la font pas eux-mêmes ! Le tour de passe-passe est simple et même simplet. Le psychanalyste n’est considéré que comme un psychothérapeute. Signez là ! Psychanalystes, et vous serez, enfin, reconnus… comme psychothérapeutes.

Nous, psychanalystes, qui savons, pour l’avoir appris avant tout sur le divan, déjouer les pièges un peu plus retords de l’inconscient que celui que nous présentent sur un plateau d’argent (c’est le cas de le dire, car l’argent est l’un des ressorts essentiels de ce tour de prestidigitateur !) les services de l’Etat, allons-nous signer ? Allons-nous prendre la voie de la « servitude volontaire » et nous mettre, nous aussi, à détruire la psychanalyse en désertant ses rangs, faisant de nous, en quelque sorte, comment appeler cela autrement, des renégats de la psychanalyse, d’une psychanalyse qui nous a nourris et parfois « sauvés » de là où, sans espoir, nous souffrions, à qui nous devons tout ce que nous sommes devenus : des psychanalystes dignes de ce nom, freudiens et pour d’autres, freudiens aussi et lacaniens, qui n’acceptent pas de laisser glisser le signifiant à partir duquel ils ex-sistent ?

Vous êtes, nous sommes des psychanalystes, c’est notre prétention, nous exerçons quotidiennement cette étrange fonction à laquelle nous nous plions, qui ne ressortit  pas d’un être (pas d’être du psychanalyste, merci Lacan !) comme nous ne sommes pas sans le savoir, mais la langue est ainsi faite qu’il faut bien s’exprimer socialement de la sorte pour le public et ceux qui nous gouvernent.

« Psychanalystes pas morts, lettre suit ! ».

C’est plutôt à la lettre qu’il nous faut le rester, psychanalystes. Lorsqu’on cède sur les mots, disait Freud, l’on cède sur les choses. La psychanalyse transformée en psychothérapie et les psychanalystes transmués autoritairement en psychothérapeutes.         Aujourd’hui comme hier, les psychanalystes, en France sont libres d’exercer leur métier. Si aujourd’hui il existe un Master 2 de psychanalyse ou des Écoles de psychothérapie d’orientation psychanalytique, ce n’est pas à cause d’un régime politique totalitaire, autoritaire, despotique. Les psychanalystes, à l’Université, l’ont voulu.

Vous êtes, nous sommes des psychanalystes, nous pratiquons pour tout demandeur qui s’y risque, et si nous l’acceptons, cette toujours énigmatique chose qui s’appelle la psychanalyse, telle est notre étrange fonction au regard du monde. Nous ne sommes pas et ne serons jamais des psychothérapeutes agréés par les services de l’Etat, sauf à nous leurrer nous-mêmes les premiers.

Psychanalystes, souvenons-nous de l’exemple italien (loi 56) qui a vu la fin des psychanalystes laïcs selon le même procédé de sirènes que l’administration française met en œuvre aujourd’hui, dans sa légitime logique, à votre endroit : siphonner les rangs des psychanalystes pour les faire devenir, d’eux-mêmes de préférence  – dans un premier temps, on verra plus tard pour la forme autoritaire s’il y a lieu -, des psychothérapeutes agréés par l’Etat. Exit alors le psychanalyste et la psychanalyse, laïcs du nom.

Disons NON aux sirènes ! Rejoignons nos cabinets, nos consultoires, là où est notre place, notre place pour y exercer, pratiquer notre seule fonction de tenir bon face au symptôme. Tâche ingrate autant que magnifique, tâche à laquelle toute leur vie durant un Sigmund Freud, comme un Jacques Lacan, comme bien d’autres encore, ne renoncèrent. Un psychanalyste meurt dans son fauteuil, il n’est pas dans ses idées d’être cité à l’ordre de la Nation. Le dés-ordre reste son lot.

Et c’est bien ce qui est ici à entendre : faisons notre boulot de psychanalyste, vraiment, entièrement, sans compromis. Cependant, le travail, la tâche en ce monde d’un psychanalyste ne s’arrête pas là, à son cabinet. Il fait, aussi, parti de la société, de la Cité.
L’aurait-il oublié au fil du temps ? En ça, il a aussi une responsabilité sociétale. On ne peut comprendre quelque chose de la psychanalyse qu’en en faisant une ! Certes, c’est comme la natation ! Toutefois, les psychanalystes doivent apporter leur éclairage singulier sur les questions de société, de vie, de désir, d’amour et de mort… On doit, la société doit pouvoir les entendre, arriver à les entendre,… si eux-mêmes s’en donnent, aujourd’hui, un tant soit peu la peine.

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Du TRANSFERT en dix points cruciaux

1) Il existe un nécessaire et incontournable amour dans la cure psychanalytique. La cure est une cure d’amour, sauf que c’est comme à l’envers, c’est-à-dire, une cure de l’amour. Qu’il prenne la forme d’un amour ou d’une haine n’y change rien en son fond. Freud a appelé cet amour amour de transfert. Il est tissé des même fils que l’amour ordinaire, celui qui nous fait tous souffrir un jour ou l’autre. C’est un amour « authentique » (terme de Freud). C’est un amour vrai, dans l’actuel, un amour bien réel et non la simple répétition ou ré-édition d’un amour passé. Un amour dans le réel.

2) Mais le transfert est tressé de cet amour qui, en réalité, est triple. Il y a un amour dans l’Imaginaire, un amour dans le Symbolique et un amour dans le Réel. Le dernier, l’amour dans le Réel est une forme de l’amour dans l’impossible, cet amour qui unit en désunissant dans sa progression vers la différence (sexuelle) absolue, à chaque séance un peu plus, analyste et analysant.

3) Si l’amour dans le réel est cet impossible, c’est que s’est invité à cet endroit, au festin, le désir, lequel est causé par l’objet petit a que recèle, sans le savoir au début, le psychanalyste pour le psychanalysant, et… réciproquement. Le petit a possède, en outre, une redoutable dimension de plus-de-jouir.

4) Mais le transfert est quelque chose qui campe à la frontière de l’amour et du désir. Il est un remuant passeur de frontières, dans les deux sens. Il se présente ainsi tel un Janus bi-frons : d’un côté il réfère à l’amour, de l’autre au désir. Et ceci pour les deux protagonistes, analyste et analysant. Mais l’analyste a un temps d’avance sur son analysant. Son parcours doit lui avoir permis de rencontrer et traverser l’amour imaginaire (castration imaginaire) et l’amour symbolique (castration symbolique). Il peut ainsi permettre l’accès à cette castration pour son analysant, et l’accompagner dans les arcanes des mêmes opérations qu’il a subies, traversées.

5) Mais il reste la question de l’amour dans le réel. Là, ils se retrouvent pris, ensemble, en couple, dans ce concubinage de l’impossible. Car cet amour n’est pas un amour ordinaire, ni un amour courant, ni un amour narcissique et névrotique, un amour qui s’aime en aimant l’amour, en un mot un amour improbable, quoiqu’un amour rêvé comme possible. Bien qu’averti, là où son analysant ne l’est pas encore, l’analyste est à une place homologue à celle de son analysant. Ils sont à des places quasi identiques. Et cette place est celle où le désir fait son office.

6) Le désir opère sur le front de l’objet et donc du manque. Il est sans représentation directe, sinon par le biais de l’amour où il se dégrade dans la demande. Il est poussé par l’insatiable pulsion en son circuit infini. Il est ce qui se dit, s’énonce et dé-range l’Autre. Il est ainsi un créateur d’angoisse. Il s’insère entre le besoin et la demande, sans être ni l’un, ni l’autre.

7) Du côté de l’analyste, le désir qui prime s’appelle le désir de l’analyste. C’est un désir qui désire qu’il y ait de l’analyse. Que l’on aille jusqu’au bout. Au bout de l’analyse. L’amour de transfert est ainsi chevillé, non seulement à ce qui se passe chez l’analysant, mais aussi à ce qui se passe chez l’analyste concernant le désir d’analyste. Il doit s’y produire la métaphore de l’amour. L’aimé-désiré, ou voulant l’être, cesse sa plainte de ne pas être assez aimé ; il devient aimant-désirant. Changement, substitution de place, retournement, transfert : révélation de la signification de l’amour, comme s’exprime Lacan.

8) La tâche du psychanalyste est de révéler au sujet l’objet de son désir à partir de la demande d’amour. A une seule condition, c’est que cet amour dans le réel, cet amour impossible qui enlace dans un ensemble invivable ou insupportable analyste et analysant, soit un amour qui réintègre en son sein le désir, qu’il s’y confonde, qu’il ne fasse qu’Un avec lui, comme dans la Grèce ancienne. Qu’il s’agisse, alors, véritablement, d’un désiramour. Qu’il s’agisse, désormais, de désiraimer. Cette position qui conjugue le verbe désiraimer, c’est aussi celle, et la seule, qui se supporte du manque. Qui supporte le manque. Fondamental ou passager. Désiraimer, devient ainsi le seul accès, pour le sujet, qui lui reste, pour atteindre à la vérité de son désir.

9) La psychanalyse est donc bien cette discipline qui propose au sujet de nouer les trois dimensions de l’amour, appelé en cette situation et en ces circonstances amour de transfert. Nous devrions aborder dorénavant le transfert dans sa totalité, dans la triplicité de son nouage borroméen qui se décline en ses trois dimensions : imaginaire, symbolique et réelle. La dimension réelle du transfert, où se tapit férocement en son cœur le désir, c’est alors celle qui ne méconnaît plus l’existence, la consistance et le trou que produit l’amour dans le réel, cet amour infernal qui enlace les deux protagonistes de la situation analytique et qui est cependant le seul amour à réintégrer la question sexuelle comme la question humaine cruciale, fondamentale, centrale et que Lacan a ramassé dans sa célèbre formule : « il n’y a pas de rapport sexuel ».

10) Enfin, le psychanalyste, c’est quelqu’un qui est animé du désir de l’analyste, ce qui lui confère une présence, unique, laquelle lui permet d’opérer de sa place de sujet supposé savoir. « […] c’est à la place où nous sommes supposés savoir que nous sommes appelés à être et n’être rien de plus, rien d’autre que la présence réelle et justement en tant qu’elle est inconsciente. », dit Lacan dans le séminaire Le Transfert.

Jean-Michel LOUKA

 

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2019, la psychanalyse

Disons-le haut et fort :

- Même si elle n’est pas la Science, la psychanalyse est « une science » (Lacan souhaitait vivement que la psychanalyse « porte une science »). Une science, un savoir du sujet et comment y faire avec celui-ci.

- La psychanalyse est une discipline à part entière, avec une méthode propre pour sa pratique et une théorisation toujours ouverte à la critique et à la construction. Une finalité aussi.

- La psychanalyse est une pratique d’accueil, d’écoute et d’analyse du sujet et des formations de l’inconscient.

- La psychanalyse est une éthique du bien dire, là aussi, du sujet.

- Enfin, la psychanalyse est un métier et une profession ; à ce titre elle ne peut être gratuite, car cela coûterait trop cher par la suite, et à l’analysant et au psychanalyste.

Jean-Michel Louka

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DE QUELQUES CHIFFRES…

L’OMS définit la Santé Mentale comme « Un état de bien-être dans lequel la personne peut se réaliser, surmonter les tensions normales de la vie, accomplir un travail productif et fructueux et contribuer à la vie de sa communauté. »

En France, actuellement, une personne sur cinq est concernée par les troubles psychiques. Cela fait quand même plus de treize millions de personnes… dont au moins sept millions de femmes.

88% des personnes violées en France sont de sexe féminin, selon les chiffres de 2017 collectés par l’Observatoire national des violences faites aux femmes. Le viol aura inévitablment toutes sortes de repercussions psychiques et psycho-sexuelles sur la personne violée.

Le viol se réalise-t-il sur fond de perturbations, de “troubles psychiques” de la personne du violeur au moment du viol ? La question devrait, en effet, aujourd’hui au moins être posée.

Les « troubles psychiques » se présentent d’intensité et de durée variable, possiblement handicapants, générant la détresse psychologique ou encore une altération aggravée de l’épanouissement personnel.

Il est ainsi de nombreux problèmes de santé mentale qui s’épanouissent, encore plus aujourd’hui qu’hier, compte tenu de la fragmentation galopante de la société, de la violence croissante du rapport à l’autre, de l’isolement, de l’indifférence généralisée, de la radicalisation des positions religieuses. Une affection comme la dépression est traversée par 20 % de la population générale en France, ce qui conduit inévitablement à des drames : des tentatives de suicides (200 000 TS chaque année) ou pire, au suicide « réussi » (10 500 chaque année).

Dépressions, mais aussi troubles bipolaires, troubles alimentaires, schizophrénies, TOC… , sans parler du risque de burn-out, de plus en plus prégnant dans la société : en 2020, plus d’une personne sur cinq sera touchée par un trouble mental estime l’OMS. Toutes les formes d’addictions (avec ou sans objet) sont en progression constante.

*

Toujours selon l’OMS (2001), « La dépression se manifeste par une humeur triste, une perte d’intérêt pour toute activité et une baisse de l’énergie. Les autres symptômes sont une diminution de l’estime de soi et de la confiance en soi, une culpabilité injustifiée, des idées de mort et de suicide, des difficultés à se concentrer, des troubles du sommeil et une perte d’appétit. La dépression peut aussi s’accompagner de symptômes somatiques. »,

Pour l’heure, en France, il est avéré que 4,3 % de la population générale sont concernés par des troubles phobiques, que 12,8 % des personnes ont souffert à une moment ou à un autre de troubles anxieux généralisés, et que les troubles bipolaires concernent 3,7 % de la population générale. Quant aux TOC (Troubles obsessionnels compulsifs), ils sont situés au 4ème rang des troubles psychiques.

L’OMS estime que 25 % de la population mondiale sera demain concernée à un moment ou un autre de sa vie par un trouble mental qui demeure au 3ème rang des maladies les plus fréquentes après le cancer et les maladies cardiovasculaires !

Parmi les pathologies les plus préoccupantes au XXIe siècle, cinq ont été identifiées par l’Organisation Mondiale de la Santé : la schizophrénie, le trouble bipolaire, l’addiction, la dépression et le trouble obsessionnel compulsif.

Jean-Michel LOUKA

23 JUIN 2019

 

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DU SEXE ET DU DIVORCE

Il existe un domaine crucial, parmi d’autres, pour lequel le divorce d’«elle» n’est pas le même que le divorce d’«il». Ce domaine, c’est celui de la sexualité !

Là où un homme qui divorce se sentira le plus souvent pousser des ailes, parce que libre de désirer et donc de courtiser, « toutes » les femmes de la planète, – il en forme le fantasme, lequel lui permet de ne pas s’effondrer. Une femme se voit, au contraire, dans son être, plus ou moins brutalement remise en cause : sa féminité, sa beauté, son pouvoir d’être désirable et de susciter l’amour, sa condition même de femme s’en trouvent, à ses yeux, brusquement contestés, bouleversés, remis en question.

Un doute s’installe, une culpabilité tombe sur elle et la rattrape par la manche : « quelle femme suis-je donc ? ». Plus encore : « quelle femme suis-je devenue pour en être arrivée là ? ».

Bref, elle se sent rejetée par les autres, tout autant que par elle-même. Elle n’a plus confiance en elle. Elle se retrouve d’un coup déconstruite, voire détruite, comme « en vrac », Un sentiment d’insécurité absolue en est la conséquence directe.

Pour surmonter ce mal être, il ne faut pas hésiter à demander de l’aide au médecin, au psychiatre, au sexologue, au psychologue ou au psychothérapeute. Mais comment se soigner grâce aux mots ? Voilà, ce qui se confie lors d’une analyse.

Que fait alors le psychanalyste ? Quel est son rôle?

Il engage un travail de re-construction, qui s’avère le plus souvent être essentiellement un travail de construction, car il n’y a pas réellement eu de travail de construction de la personnalité comme il aurait du ou pu se faire en son temps. « Je ne savais pas ce que c’était qu’être une femme, avoir un corps sexué de femme, confie Marie. Je pensais, comme on le répétait, que c’était ne pas avoir ce qu’avait un homme, manquer de ce sexe masculin, le pénis. Manquer ! J’ai compris que j’avais moi-même, en tant que femme, un sexe, un sexe féminin, et que je ne manquais en fait de rien, que j’étais en somme entière, sexuellement complète. »

C’est aussi un travail de réparation, un exercice de l’esprit, lequel débouche, bien mené, sur une naissance,…pas une re-naissance comme l’on dit trop souvent ! Diane remarque : « je croyais que j’étais née parce que j’étais physiquement née ; je me suis aperçue que c’était bien autre chose de naître à soi-même comme femme, surtout sexuellement. »

Et l’on pourra oser dire, à terme, « une femme est née » ! Il s’agit, bien entendu, d’une naissance à elle-même et par elle-même, à la fois donc, parturiente et accoucheuse. Naissance à son être de femme, lui permettant d’aborder autant la question du féminin, pour elle, que celle de  la conquête de sa propre féminité.

Cette naissance accomplie, le travail du psychanalyste touche bientôt à son terme. Ce qui permettra ainsi à l’avenir d’éviter, au mieux, les pièges de la répétition.

On constate alors qu’une femme se met à parler autrement du sexe, de sa sexualité. C’est, pour elle, devenu une autre sexualité. « Je me suis rendue compte, dit Charlaine, que ma jouissance n’était qu’en partie ressemblante à celle de mon nouveau compagnon. Il y en avait une autre qui m’était propre, une jouissance, si spécifique de mon corps et de mon être féminin, qui rendait mon ami parfois envieux. »

Ou plutôt, dirons-nous, une sexualité Autre, c’est-à-dire nouvelle, inconnue auparavant.

Assumée maintenant comme telle.

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