Il existe un domaine crucial, parmi d’autres, pour lequel le divorce d’«elle» n’est pas le même que le divorce d’«il». Ce domaine, c’est celui de la sexualité !
Là où un homme qui divorce se sentira le plus souvent pousser des ailes, parce que libre de désirer et donc de courtiser, « toutes » les femmes de la planète, – il en forme le fantasme, lequel lui permet de ne pas s’effondrer. Une femme se voit, au contraire, dans son être, plus ou moins brutalement remise en cause : sa féminité, sa beauté, son pouvoir d’être désirable et de susciter l’amour, sa condition même de femme s’en trouvent, à ses yeux, brusquement contestés, bouleversés, remis en question.
Un doute s’installe, une culpabilité tombe sur elle et la rattrape par la manche : « quelle femme suis-je donc ? ». Plus encore : « quelle femme suis-je devenue pour en être arrivée là ? ».
Bref, elle se sent rejetée par les autres, tout autant que par elle-même. Elle n’a plus confiance en elle. Elle se retrouve d’un coup déconstruite, voire détruite, comme « en vrac », Un sentiment d’insécurité absolue en est la conséquence directe.
Pour surmonter ce mal être, il ne faut pas hésiter à demander de l’aide au médecin, au psychiatre, au sexologue, au psychologue ou au psychothérapeute. Mais comment se soigner grâce aux mots ? Voilà, ce qui se confie lors d’une analyse.
Que fait alors le psychanalyste ? Quel est son rôle?
Il engage un travail de re-construction, qui s’avère le plus souvent être essentiellement un travail de construction, car il n’y a pas réellement eu de travail de construction de la personnalité comme il aurait du ou pu se faire en son temps. « Je ne savais pas ce que c’était qu’être une femme, avoir un corps sexué de femme, confie Marie. Je pensais, comme on le répétait, que c’était ne pas avoir ce qu’avait un homme, manquer de ce sexe masculin, le pénis. Manquer ! J’ai compris que j’avais moi-même, en tant que femme, un sexe, un sexe féminin, et que je ne manquais en fait de rien, que j’étais en somme entière, sexuellement complète. »
C’est aussi un travail de réparation, un exercice de l’esprit, lequel débouche, bien mené, sur une naissance,…pas une re-naissance comme l’on dit trop souvent ! Diane remarque : « je croyais que j’étais née parce que j’étais physiquement née ; je me suis aperçue que c’était bien autre chose de naître à soi-même comme femme, surtout sexuellement. »
Et l’on pourra oser dire, à terme, « une femme est née » ! Il s’agit, bien entendu, d’une naissance à elle-même et par elle-même, à la fois donc, parturiente et accoucheuse. Naissance à son être de femme, lui permettant d’aborder autant la question du féminin, pour elle, que celle de la conquête de sa propre féminité.
Cette naissance accomplie, le travail du psychanalyste touche bientôt à son terme. Ce qui permettra ainsi à l’avenir d’éviter, au mieux, les pièges de la répétition.
On constate alors qu’une femme se met à parler autrement du sexe, de sa sexualité. C’est, pour elle, devenu une autre sexualité. « Je me suis rendue compte, dit Charlaine, que ma jouissance n’était qu’en partie ressemblante à celle de mon nouveau compagnon. Il y en avait une autre qui m’était propre, une jouissance, si spécifique de mon corps et de mon être féminin, qui rendait mon ami parfois envieux. »
Ou plutôt, dirons-nous, une sexualité Autre, c’est-à-dire nouvelle, inconnue auparavant.
Assumée maintenant comme telle.